A Morlaix, Hémarina est en passe de révolutionner la greffe grâce au sang d'un ver marin. Son hémoglobine est quarante fois plus oxygénante que la nôtre. Cette propriété permet de prolonger la vie des greffons de rein. Elle pourrait aussi servir pour soigner des AVC ou des infarctus du myocarde. 

"Comment un organisme est-il capable de respirer dans l'air et dans l'eau ?"

C'est en partant de cette question de recherche fondamentale toute simple que Franck Zal a découvert les propriétés exceptionnelles de l'arénicole, ce ver marin qui vit sur les côtes bretonnes et reconnaissable aux tortillons de sable caractéristiques de sa présence.

Depuis, en 2007, l'ex-chercheur en biologie marine a fondé à Morlaix (Finistère) la société Hémarina.
 

Une soixantaine de patients suivis 


Pendant un an, Hémarina et le CHRU de Brest ont suivi une soixantaine de patients dont le rein greffé avait été conservé quelques heures dans une solution à base d'hémoglobine extraite de l'arénicole. Cette protéine s'avère en effet quarante fois plus oxygénante que la nôtre et, en outre, parfaitement compatible avec l'organisme humain.
 

Une fois greffé, le rein reprend ses fonctions plus vite


En l'ajoutant aux solutions de conservation des organes à greffer (entre le prélèvement du rein sur le donneur et la transplantation sur le receveur), l'étude a notamment démontré que le rein greffé se remettait à fonctionner bien plus vite, ce qui "permet de prédire la réussite de la greffe à plus long terme".

Ces résultats intermédiaires ont été présentés, il y a quelques semaines, au Congrès américain de transplantation d'organes, le premier congrès mondial dédié à la transplantation d'organes. Des résultats prometteurs dont les bénéfices restent néanmoins à affiner et à confirmer via une nouvelle phase d'essais déjà programmée. 
 

400 à 500 décès/ an faute de greffe


Ce qui est sûr, c'est que cet additif, baptisé Hemo2life,est suivi de près. 
En 2016, 3.615 patients ont été greffés d'un rein en France. Mais, dans le même temps, selon l'Agence de Biomédecine, 5.181 ont été inscrits sur la liste d'attente. Or la transplantation rénale est aujourd'hui le seul traitement de l'insuffisance rénale terminale. "Chaque année, 400 à 500 patients meurent faute d'une greffe", regrette le Pr Yannick le Meur, néphrologue au CHRU de Brest et investigateur principal de l'essai.
 
- Morlaix (29) - Pr Yannick Le Meur, responsable de l'unité de transplantaion rénale CHRU de Brest - Dr Franck Zal, co-fondateur et PDG d'Hémarina ©France 3 Bretagne


Déjà utilisé pour la 1ère greffe de visage


Ces résultats ouvrent aussi de nouvelles perspectives dans d'autres domaines médicaux.

L'hémoglobine du ver marin a déjà été utilisée lors de la première greffe de visage.
 

Prometteur pour la médecine en général


"Ainsi, des pansements oxygénants qui accélèrent la cicatrisation des plaies sont en développement, mais aussi des soins dentaires pour éliminer les bactéries responsables des maladies parodontales sensibles à l'oxygène [NDLR: parodondite], rapporte le magazine Sciences et avenir. Autre projet en cours: un médicament pour remplacer les transfusions sanguines des patients atteints de drépanocytose, cette maladie rare du sang qui confère aux globules rouges une forme de faucille. Enfin, cette hémoglobine pourrait être administrée aux patients victimes d'un AVC [NDLR: accident vasculaire cérébral] ou d'un infarctus du myocarde le temps que les examens nécessaires à leur prise en charge puissent avoir lieu: un gain de temps précieux et souvent vital."

Autant de propriétés qui ont incité Franck Zal à s'entourer de précautions en faisant inscrire le produit auprès de l'Agence mondiale antidopage
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